Je considère ce film comme une petite merveille, un chef d’oeuvre cinématographique (rien que ça!) et pourtant, la première fois que je l’ai vu, je m’attendais à m’ennuyer pendant 2h en pensant qu’on ne verrait qu’un gars sur un bateau avec un tigre, perdus tous les deux au milieu de l’océan! J’ai donc été (très) agréablement surprise.
L’Odyssée de Pi est l’adaptation du roman de Yann Martel, L’Histoire de Pi, pourtant jusqu’à aujourd’hui réputé inadaptable. Le projet était passé successivement entre les mains de M. Night Shyamalan, d’Alfonso Cuarón et de Jean-Pierre Jeunet, avant qu’il n’arrive entre celles du réalisateur taïwanais à la filmographie particulièrement hétérogène (Le secret de Brokeback Mountain, Hulk) : Ang Lee.
Et incontestablement, Ang Lee relève merveilleusement bien le défi.
Grâce à une utilisation du numérique dans toute sa splendeur, le film parvient avec succès à adapter la cohabitation improbable entre un jeune indien, Piscine Molitor Patel, dit Pi, et un magnifique mais néanmoins féroce tigre du Bengale, Richard Parker, sur un canot de sauvetage au beau milieu de l’océan Pacifique.
En effet, après avoir passé une enfance paisible dans les paysages paradisiaques de Pondichéry, où sa famille est propriétaire du zoo local, cette dernière décide de quitter l’Inde pour le Canada. Ils embarquent ainsi accompagnés de quelques animaux sur un cargo qui fera naufrage dans la nuit, laissant Pi seul rescapé humain (incarné avec justesse par Suraj Shama, faisant ses débuts et portant déjà à lui tout seul le film), se retrouvant face à lui-même mais aussi face au tigre affamé. C’est pourtant grâce à sa présence réconfortante et dangereuse à la fois que le jeune homme reste actif, met en place des stratégies de survie et garde espoir.
L’Odyssée de Pi navigue toujours entre deux eaux. Le film repose sur la dualité, s’affrontant continuellement jusqu’à, parfois, fusionner, tels Pi et Richard Parker, se défiant puis s’apprivoisant mutuellement. Les pires atrocités et les féeries les plus époustouflantes se côtoient tout comme les réflexions philosophiques et la lutte pour la survie. Le film est surréaliste et hyperréaliste, à l’image du ciel et de l’océan se répondant tel un miroir géant. Nous assistons aussi, ébahis, à une rare symbiose entre calme et tempête lorsque Pi, dans une vue sous-marine magistrale, se retrouve face à un cargo fantôme sombrant dans les abysses.
Tout comme son prédécesseur James Cameron avec Avatar, Ang Lee nous immerge dans le monde de Pi et parvient à nous faire vivre son expérience. En moins manichéen et plus rafraîchissant. La 3D et le rendu visuel montent d’un cran et sont spectaculaires. Alors qu’on sentait les êtres bleus d’Avatar créés numériquement, qui se douterait que Richard Parker n’est qu’images de synthèse ? Cette prouesse esthétique, harmonieuse et magique n’aurait rien été sans l’incroyable progrès du numérique et tous ceux qui le maîtrisent. En plus d’une quinzaine de personnes, toutes travaillant minutieusement sur les 10 millions de poils da la bête, Ang Lee s’est entouré de Bill Westenhofer, ayant notamment travaillé sur Aslan, le lion du Monde de Narnia. L’hyperréalisme du tigre est admirable et sidérant. Les mimiques, les mouvements, les yeux et chaque poil, chaque moustache appliquent une parfaite mimésis.
Mais L’Odyssée de Pi va au-delà de l’enchantement visuel et repose sur un récit équivoque qui donne toute son envergure au film. Les différents niveaux de lecture permettent de toucher et de ravir un large public, petits et grands. Cerise sur le gâteau, le dénouement final savamment orchestré, laissera le libre-arbitre au spectateur, qui restera sans aucun doute songeur, et l’invitera à se remémorer et revivre le film, à le digérer d’une manière réflexive.
L’Odyssée de Pi n’est pas qu’une friandise pour les yeux, c’est aussi un récit initiatique qui vous poussera à la réflexion, qui vous marquera pendant longtemps et qui ne pourra vous laisser indifférent.
Ahlala, après une critique si subjective et élogieuse, j’espère que vous ne serez pas déçus par le film ! C’est vrai que je pense que le fait que je ne m’attendais pas à ça a décuplé mon émerveillement. Bref, j’espère avoir réussi à vous donner envie et si c’est le cas, n’hésitez pas à me laisser un petit message pour me dire ce que vous en avez/aurez pensé!
photos: Copyright Twentieth Century Fox France
Claire La Paillette says
Haha! Oui en effet! Je place Gatsby le Magnifique sur le podium de mes films préférés! Je le trouve lui aussi très réussi et j'admire son esthétique, ses costumes etc! Contente de t'avoir trouvée aussi du coup! Ce sera un plaisir de discuter avec toi! 🙂
boutchoko says
De rien ,j'adore découvrir de nouveaux blogs. Le tien me plait beaucoup, je l'ai un peu survolé. J'ai vu que tu aimais aussi Gatsby le Magnifique! ^^ Je crois qu'on va s'entendre niveau ciné 😀 <3
Claire La Paillette says
Oh je suis tellement contente qu'on ait ressenti la même chose! Tu m'ôtes les mots de la bouche! 😉 Merci pour ton abonnement Hellocoton et donc à très bientôt (j'espère!) 🙂
boutchoko says
Ce film est visuellement époustouflant et le dénouement final à quelque chose de tellement philosophique qu'on pourrait en débattre durant des jours. La première fois que je l'ai vu (au cinéma) j'ai eu un peu de mal à m'en remettre, je l'avoue! Tout est savamment orchestré, parfaitement filmé. J'ai adoré!
Claire La Paillette says
Oh je suis contente d'avoir réussi à te donner envie de le revoir! Il mérite le coup d'oeil! Mais après, j'ai été tellement agréablement surprise au premier visionnage que j'étais encore plus admirative et touchée! Je l'ai revu plusieurs fois et j'ai toujours trouvé que c'était un film magnifique. J'espère que ma critique un peu (trop) élogieuse ne te décevra pas lors de ton nouveau visionnage ^^. Merci pour ton petit mot et merci de m'avoir lue ^^. A très vite! 😀
Lion Love Laugh says
J'ai vu ce film un jour où j'étais malade, et donc fatiguée, alors forcément je me suis endormie. Et j'ai toujours cru que c'était parce que ce film m'avait ennuyée, mais après avoir lu ton avis, je ne peux qu'avoir envie de le revoir ! Je vais essayer de le faire pendant les vacances, puisque tu dis que c'est un chef-d’œuvre ^^ Bisous ! ❤